C’est plutôt cocasse pour un type qui déclare avoir cessé de boire de se voir récompenser d’une Bouteille d’Or… C’est ce qui arrive à Stéphane Reynaud, patron depuis trois ans de Oui Mon Général – jeu de mot en référence à la rue du Général Bertrand- dans le 7ème. Les membres de Tradition du Vin ne se sont néanmoins pas fourvoyés en récompensant ce patron chef, qui œuvre chaque jour dans sa cuisine au bonheur des mandibules de ses clients.
S’il devait arborer ses médailles bistrotières, Stéphane Reynaud aurait un plastron de maréchal soviétique. L’année dernière il avait été classé Bistrot de l’Année par le Guide Lebey et il y a encore quelques jours, il était sorti gagnant de la première édition de la Giboyeuse organisée par les Vins de Bandol.
Le bonhomme a le goût des racines. Un lundi par mois, il redescend dans son village du Chambon-sur-Lignon d’où est aussi originaire un autre chef travaillant la cuisine canaille dans le même esprit, Pierre Cheucle de Chez Marcel. Dans cette Haute-Loire qui sait se faire glaciale, Stéphane Reynaud a appris d’un grand-père charcutier l’importance de bien travailler un cochon qui permet de tenir l’hiver. Il a pondu plus d’un livre sur le sujet. Sans craindre de s’écarter des canons de la tradition de la cochonnaille française, à l’exemple de cet ouvrage dédié aux Chiens-Chauds.
Car quand il ne cuisine pas, le bonhomme écrit des bouquins aussi sérieux que facétieux à l’image de l’intitulé de ses plats. Son « Bistrotier » paru aux éditions du Chêne fin 2021 demeure un des meilleurs ouvrages dédié à l’art bistrotier de ces dernières années. Même si côté vins, il frôle le manichéisme bachique avec moins de 5 quilles bordelaises citées sur 80 bouteilles…
Chaque jour, son Général mène de nouvelles offensives contre la routine cuisinière. Sa carte aux intitulés facétieux fait venir dans un même élan sourire et appétence. En hiver, on appréciera par exemple la « Fais pas tant chaud alors on a fait une potée » ( 25,90€) ou un boudin noir de Bigorre « Galabart Beethoven jus au cidre doux » (13,70€), sa brandade nîmoise ou un chou farci végétarien aux céréales, crème ail, citron vert (16,90€).
Pour les vins, les jolies quilles sont plutôt réparties sur un axe nord-sud…qu’est-ouest et on peut les inaugurer au comptoir avant de filer à table. Bref, ce bistrot déride. Même Vincent Lindon, client fidèle, semble moins bougon quand il en sort.
Oui Mon Général !
4, rue du Général Bertrand, 75007 Paris
Tél.01 47 83 76 66
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