Ce monument de l’Art Déco fait face aux marches du Palais Brongniart. Et si “le veau d’or” n’est plus, le Vaudeville est, lui, bien vivant avec son comptoir arrondi, ses appliques et luminaires, ses panneaux de verre gravés, ses murs marbrés … et enfin sa nouvelle terrasse ouverte depuis peu. Créé en 1918, année victorieuse, le Vaudeville témoigne encore de l’étourdissement des années folles. Tombée en avril 2017 dans l’escarcelle du Groupe Bertrand avec la reprise du Groupe Flo, même à l’heure de la rationalisation capitalistique, la brasserie conserve encore un soupçon de sa légèreté originelle.
D’ailleurs, le Groupe Bertrand lui a offert une jolie fête pour son premier siècle d’existence. Il est vrai que sa rénovation terminée en novembre 2017 lui a permis d’enregistrer « une très forte hausse de la fréquentation » selon un communiqué de sa maison mère. Soit. Force est de constater que même si le quartier n’est plus ce qu’il était, le Vaudeville a pu faire front grâce à un carré de fidèles.
Au sens propre comme au figuré, le Vaudeville a connu un âge d’or durant des décennies. Aux émotions des agents de change revenus de séances homériques à la Corbeille succédaient à l’heure du dîner celles des comédiens et du public des théâtres voisins avant et après les représentations. Sur ce registre, Patrick, maître d’hôtel depuis près de trente ans, a du mal à canaliser l’onde nostalgique quand il évoque les coups de feu en salle avant la fermeture définitive de la bourse à la fin des années 90. Il convient d’ajouter au tableau le déboulement quotidien des journalistes de France-Soir, du Figaro ou de l’AFP qui, eux aussi, se remettaient ici de leurs tribulations à coups de sancerre et de têtes de veau.
De 2012 à 2015, la brasserie a traversé des années noires avec des chutes de revenus de l’ordre de 40%. Au vide général causé par les attentats se sont ajoutés les errements des financiers à la tête de Flo imposant une cuisine élitiste aux tarifs très salés et qui a failli faire perdre son âme à l’affaire.
Depuis, la brasserie a opéré un virage vers un retour aux sources des classiques avec par exemple en entrées un croustillant de tête de veau ou une planche de saucissons signés Conquet, sans oublier le tartare de charolais (19€) ou l’andouillette 5A Duval. Le semainier appétissant aimante les riverains avec des plats à 18€ comme ce merlan façon fish and chips du mercredi.
Quant à l’écailler au banc bien fourni, il y en a pour toutes les bourses. De la formule « Happy Oyster » à 9 € avec trois huîtres et un verre de blanc aux nobles spécimens Gillardeau, Perles de l’Impératrice de Dupuch ou Cadoret. Un chablis 1er cru Fourchaume de Jean Durup ( 29€ la demi-bouteille) en accompagnement assurera un esprit léger comme une pièce de Labiche.
Formule Entrée ou Plat ou Plat-Dessert à 22 €
Le Vaudeville
29, rue Vivienne,
75002 Paris
Ouvert 7 jours sur 7
Fermeture à 23h dimanche et lundi
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